Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le jaune de la honte
7 février 2019

Qui sont les gilets jaunes ?

Quand je dis que le mouvement des gilets jaunes est très largement instrumentalisé par le RN et LFI (entre autres), on me répond que je ne comprends rien à la politique et surtout que je suis égoïste.

Pourtant il serait irresponsable de ne pas constater que ce mouvement est plus qu'infiltré par des extrêmes droite et des extrêmes gauche, alors bien sûr on peut être affilié au RN ou à la FI et en même temps gilet jaune, mouvement apolitique oblige, mais combien sont honnêtes dans leur démarche et combien n'ont comme seul but de mettre leur candidat à la place de Macron ? La question que l'on peut se poser est "si ce mouvement est si "populaire", si représentant du peuple français, pourquoi a t-il de fâcheuses tendances à se rapprocher de deux partis qui n'ont jamais été au pouvoir en France et qui n'ont donc jamais eu l'approbation de la majorité nécessaire ?".

Après avoir décortiqué pendant de longs moments, les nombreux messages qui m'ont été envoyés par des gilets jaunes, j'en arrive à la conclusion que ce mouvement se divise en 3 grandes catégories bien disctintes. Il est bien évidemment très difficile de connaître exactement le pourcentage représenté par chaque partie, mais on peut avoir une idée de base :

Une des parties la plus importante de ce mouvement (en tout cas la partie visible de l'iceberg) est représentée par les membres affiliés à l'extrême droite. Plusieurs points me font penser cela : reprise des banderoles de la marche pour la vie, de la manif pour tous, un service d'ordre employant certaines personnalités connues pour appartenir à des mouvances d'extrême droite, et bien sûr ce qui, à mon sens, est le plus parlant, mon étude personnelle des personnes avec qui j'ai parlé sur les réseaux sociaux, leur compte est généralement une meilleure source d'informations que bien des médias, non pas sur l'actualité, bien sûr, mais sur leurs appartenances. J'ai constaté que beaucoup de personnes avec qui j'ai parlé et qui appartiennent à ce mouvement sont homophobes parfois ouvertement parfois non, antisémites, quand elles ne sont pas islamophobes, parfois les deux. Il faut aussi rappeler que le RN serait, selon les sondages, en seconde position dans les intentions de vote pour les européennes, donc si le mouvement des gilets jaunes représente le peuple français il est logique d'estimer que le RN se place en tête dans les cortèges GJ (en enlevant de manière raisonnable les adhérents en Marche) on tomberait alors sur un pourcentage d'environ 30% de membres RN dans le cortège des gilets jaunes (sans compter la présence d'autres partis notamment celui de Dupont-Aignan ou de Philippot). On peut donc compter 40% de personnes d'extrême droite parmi les gilets jaunes. Un petit exemple très révélateur de la complexité de la situation, aux environs de la troisième semaine de mobilisation j'ai échangé avec une gilet jaune, se revendiquant du FN et m'informant qu'elle ne supportait plus "ces gauchistes bien-pensants", lorsque je lui explique que sur son rond-point (et vu le côté apolitique du mouvement), elle avait certainement des gauchistes auprès d'elle, elle me répond "cela m'étonnerait".

 

Une partie probablement moindre en nombre mais pas en paroles est affiliée à l'extrême gauche, avec un soutien inconditionnel (affiché pour certains) à la personne de Jean-Luc Mélenchon. On a à la fois des politiciens, des militants, des anarchistes, des anti-capitalistes, des pseudos révolutionnaires... Ce qu'ils revendiquent ? Une égalité poussée à son paroxysme, en clair plus de hiérarchie, plus de différence de salaire, plus de différences tout court. Le prix à payer ? Notre liberté. Ils passent leur temps à taper sur les votants RN en refusant publiquement une alliance que personne ne leur a pourtant proposée. Pourtant certains en rêvent en silence, à l'instar d'Adrien Quatennens, qui, pensant brosser le RN dans le sens du poil, a accepté l'idée de remettre en question le mariage pour tous, pourtant un des derniers symboles de l'égalité pour tous acquis par la gauche. Il est comme beaucoup, ce que j'appelle un "avocat politique", et non un politicien. Pour résumé, il ne cherche pas le bien de la France, il cherche à placer son parti, il n'a pas de convictions. Tu connais la chanson "l'opportuniste" de Jacques Dutronc, ben Adrien aurait pu écrire les paroles. Un vrai politicien aurait défendu "le mariage pour tous", expliqué pourquoi c'était aller dans le sens de l'égalité que d'ouvrir le mariage aux couples du même sexe, et finir sur le fait que l'égalité, c'est ce que sont censés défendre les gilets jaunes. Mais il faut reconnaître que l'abrogation d'une égalité est un maigre prix à payer pour un trône qui fait tant rêver. Ils représentent environ 10% de l'électorat français, selon un récent sondage, si on ajoute à cela le fait qu'ils sont très manifs, très révolutionnaires et toujours dans les mauvais coups, on peut facilement déduire qu'ils sont 15%, au moins, de la population gilet jaune.

On obtient donc une  majorité de gilets jaunes affiliés à un parti extrémiste, est ce que cela représente réellement la France ? Combien d'entre eux sont simples votants, combien sont militants ? Combien seront prêts à trahir leur parti pour servir le mouvement ? Combien seront prêts à trahir le mouvement pour servir leur parti ?

Pour l'autre catégorie, on parle des plus modérés (ceux qui ne t'agressent pas quand tu leur parles, ceux qui présentent une liste aux européennes..). 

Les abstentionnistes ou les "je vote contre pas pour". Ceux-là sont contre les politiciens dans leur ensemble, et ce, selon leurs dires, depuis 40 ans. C'est à dire qu'ils exècrent autant le Pen et Mélenchon que Macron. Ils voudraient faire un ménage total dans la politique française. La difficulté c'est que ceux là se divisent aussi en 2 catégories : 1/ceux qui pensent qu'il faut des représentants mais que ceux que l'on a ne sont pas bons (d'où les listes européennes gilets jaunes), 2/ceux qui pensent que l'on doit se passer des représentants et que le peuple peut se représenter lui-même (appelons les "les utopistes"). Toujours d'après les sondages les premiers seraient 13% des français, donc environ 18% des gilets jaunes (toujours en retirant les marcheurs). Les autres sont plus difficiles à chiffrer car ils ne se prononcent pas, mais on peut chiffrer ce groupe en fonction des abstentionnistes, on pourrait donc partir sur les 10 millions d'abstentions au premier tour de 2017, soit 21% sur l'ensemble de l'électorat, et donc 28% sur l'électorat marcheurs déduits (chiffre probablement surévalué car tous les abstentionnistes ne sont pas à prendre en considération, certains s'abstennant par simple manque d'intérêt). Encore une fois c'est une façon grossière et simplifiée de les compter, donc probablement faussée, mais je pense qu'elle permet de se donner une idée du mouvement.

 

En résumé ce mouvement serait composé de 40% de membres d'extrême droite, 15% de membres d'extrême gauche et 46% de membres ne souhaitant aucun de ces partis politiques. J'ai bien conscience que ça fait plus de 100% (et qu'ils ne sont pas tous présents, parmi les gilets jaunes il y a aussi de vrais pauvres, ou des affiliés LR ou PS), mais certains sont présents dans plusieurs groupes (puisque j'ai pris les chiffres pour les 2 premiers sans liste gilet jaune, et les chiffres de la liste gilet jaune pour le dernier). Ces chiffres sont d'ailleurs très intéressants car ils nous apprennent que parmi les électeurs RN, LFI et autres extrêmes, une moyenne de 15% d'entre eux, seraient prêts à voter "gilet jaune" au lieu de leur parti (avec un record de 70% détenu par Philippot, bon sur un petit chiffre, mais tout de même, il perd 2 électeurs sur 3). Donc à la question combien sont prêts à trahir leur parti pour les gilets jaunes, on a la réponse, 15%.

Une petite image en apparence anodine mais très révélatrice en guise de conclusion. On comprend ici que cette personne ne souhaite pas que l'extrême gauche reprenne le mouvement, même si celle-ci vend du rêve, notamment quand Mélenchon dit qu'il ne veut pas utiliser le mouvement mais que le mouvement l'utilise. Elle se positionne donc clairement contre l'extrême gauche et de manière beaucoup moins claire (apolitique oblige) pour le RN, d'ailleurs elle ne mentionne pas le nom du parti, elle sait que tout le monde comprend. Enfin on comprend clairement que cette personne dit que les gilets jaunes vont voter le Pen, non pas pour ses idées mais pour contrer Macron. Il serait peut-être intéressant de se demander pour qui elle a voté ? Ma main au feu qu'elle est plutôt de ceux qui trahissent le mouvement pour leur parti.

Capture d’écran 2019-02-06 à 20

Publicité
Publicité
Commentaires
Le jaune de la honte
Publicité
Archives
Publicité